Une carrière en quelques lignes

Vendetta Mathea

Vendetta Mathea

Danseuse, chorégraphe, pédagogue et plasticienne.
Franco-américaine, formée à la Juilliard School of Music, spécialiste du Mouvement au National Endowment for the Arts, membre de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques.
Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques.
« Poétique aventureuse » Amélie Grand – Avignon – 1982

Vendetta Mathea est une personnalité de la danse, qui a toujours tout fait pour fuir ce statut, entre pas de côté, grands écarts et escapades. Son installation en 1985 à Aurillac et la création de La Manufacture en 1992 en témoignent.

Née dans les quartiers populaires de Detroit Michigan, son père est jazzman et sa mère danseuse. Elle passe sa petite enfance avec elle, en tournée, sur la route aux quatre coins des États-Unis et du Canada.

A 19 ans, elle quitte Detroit pour New-York avec cinquante dollars en poche, de quoi payer ses premières nuits dans une YMCA réservée aux jeunes femmes au sud de Manhattan. Quelques semaines plus tard, elle intègre le programme « modern dance and ballet program » de la célèbre Juilliard School of Music avec une bourse d’études.

C’est le début de l’aventure.

Vendetta Mathea a suivi une formation en danse et musique à Detroit (Michigan) dans le cadre du programme Dance Power avec Manuel Alum, Merce Cunningham, José Limon et Arthur Mitchell, à l’University of Detroit avec Lisa Novac, puis à New York au Alvin Ailey American Dance Centre, au Dance Theatre of Harlem avec Mary Barnett et à la Juilliard School of Music avec entre autres Alfredo Corvino et Kazuko Hirabayashi. Elle s’est également formée auprès de divers professeurs tels Louis Falco, Finis Jhung, Jennifer Muller, Walter Raines et Clay Taliaferro.

Dès 1971, Vendetta Mathea entame une carrière d’interprète avec la Walter Nicks Dance Company pour l’American Dance Festival au Connecticut College. Membre fondateur de la compagnie, elle est la soliste de Walter Nicks pendant dix ans (1). Elle travaille aussi avec de nombreux chorégraphes dont Vanoye Aikens, Mary Barnett, Katherine Dunham, Garth Fagan, Clifford Fears, Kazuko Hirabayashi, Lukas Hoving, Shamus Murphy, Eleo Pomare, Paul Taylor, Morton Winston, Yuriko …

Pendant cette décennie, elle parcourt le monde avec les compagnies de Garth Fagan, Clifford Fears, Katherine Dunham, Morton Winston, Walter Nicks, Eleo Pomare, Kazuko Hirabayashi et danse entre autres avec le Contemporary Chamber Dance Group, la Capoeira of Bahia et la Harlem Opera Society. Ses grandes qualités scéniques lui valent la reconnaissance de la presse spécialisée lors du Delacorte Dance Festival à New-York « The solo by Vendetta Mathea – very, very good indeed, the Kind of materiel that company showstoppers are made of. » William Como – Delacorte Dance Festival – Dance Magazine – 1976

A partir de 1979, Vendetta Mathea crée et interprète ses propres pièces en solo dont la pièce Lobo. « Elle joue la partie seule, après avoir dansé dans les plus grandes compagnies. (…) Un style à elle. Elle accomplit la performance que personne avant elle n’avait faite… Sa volonté, sa joie, sa croyance, elle nous les donne comme une poétique aventureuse. » Amélie Grand – Février pour la Danse – Avignon – 1982.

Accompagnée par les musiciens Jean-Claude Kérinec et Staff El Meddah, elle danse sur les scènes des principaux festivals en France et en Europe. « Vendetta Mathea, c’est le bonheur de danser. » – Centre de Chateauvallon Nice-matin. « Vendetta Mathea est l’une des personnalités les plus en vue du monde de la danse. Elle s’en imprègne, elle l’incarne… Avec modestie et simplicité … Vendetta Mathea maîtrise l’espace, le transforme par sa seule présence, le sublime. » Festival d’Avignon Vaucluse matin – 1984. On parle alors de Contemporary Ethnic Dance. 

Après plusieurs saisons en solo, Vendetta Mathea crée en 1981 sa compagnie qui s’implante à Aurillac en 1985.

Vendetta Mathea est l’auteur d’une cinquantaine de pièces chorégraphiques. Certaines de ces pièces ont été maintes fois jouées à travers le monde. « Vendetta Mathea a toujours brisé les barrières entre les différents modes d’expression chorégraphique. » – Le Berry Républicain. « … classicisme et avant-gardisme … ». Le Républicain Lorrain – 1985.

Au cœur de la lutte pour les droits civiques au début de sa carrière, les créations de Vendetta Mathea ont pour thème récurrent la nature humaine. Elles se construisent autour d’une abstraction, à partir d’un mouvement improvisé, porteur de sa propre pensée ou émotion ; à la manière dont elle compose ses toiles, au fil des sensations.

De 1993 à 1996, Vendetta Mathea réalise, avec le concours d’une cinquantaine de chanteurs, danseurs, musiciens, plasticiens, … de tous bords, des recherches sur le thème Modernité gestuelle et Tradition musicale conduisant à la création de trois pièces. « Quand des racines entremêlées de danses et musiques d’ici et d’ailleurs surgit une nouvelle essence splendide et forte, ‘Colors de Vida’ cristallise l’inouï d’une révélation. » Christine Lebas – La Montagne – 1994.

Poursuivant des recherches initiées en 2001 sur la « mécanique du commencement » et son cycle perpétuel, Vendetta Mathea a créé en 2003 une pièce intitulée « Women » sur une partition de Bill Kleinsmith. Synthèse de plusieurs de ses travaux antérieurs, cette pièce figure comme l’une des grandes dates de la danse moderne.

En 2008, Vendetta Mathea présente « Quand j’étais humain ». « … la chorégraphie de Vendetta Mathea exprime l’intériorité de chaque être. Chaque geste est justifié, son contenu sensible interpelle et reste compatible avec la virtuosité. Une richesse technique jaillit du mouvement, les références sont là, les racines et les sources font naître un style authentique, profond et d’une grande pureté. Cette danse, à la fois solennelle, condensée et enthousiaste nous émeut. Un large éventail d’expression oscille entre rigueur et liberté. La valeur technique des danseurs ainsi que la conception chorégraphique nous réservent sans cesse des surprises, nous confrontent à l’inattendu. » Nicole Guerber Walsh – Université de Paris – 2008.

En 2009 et par suite d’une résidence à La Manufacture, Vendetta Mathea présente, avec une compagnie intégralement renouvelée, une nouvelle pièce intitulée « Homme|Animal ».

« La Vendetta remonte à loin … Vendetta Mathea, qui s’est battue pour les droits civiques aux Etats-Unis, trace son sillon marginal, un peu à part des grands courants de la danse contemporaine. Elle mélange intimement aux influences des grands maîtres de la danse moderne américaine d’autres techniques, comme le taï-chi et les danses urbaines. Homme Animal met aux prises des corps corsetés qu’impressionne le devoir (bras et jambes tendus), avec d’autres, soumis à une agitation très significative d’émotion. Sensibles aux sons de la nature proche, au hurlement d’un loup, les danseurs se débarrassent de leurs postures apprises. Ils muent, à vue, ressuscitent des forces enfouies, semblant ainsi retrouver le plein emploi de ce qu’ils furent avant la civilisation. Impressionnant. » Muriel Steinmetz – L’Humanité – juillet 2010

« … une qualité d’écriture et un raffinement dans la danse … Une pièce qui s’assume très bien comme une pièce très dansée avec une diversité de techniques gestuelles différentes. Ce n’est pas du tout une danse fusion … C’est un style. Un style fait de fluidité, un très beau travail en particulier sur le rapport au poids … Quelque chose de très personnel, de très particulier. C’est précieux. » Philippe Verrièle – Rencontres danse – Festival d’Avignon – juillet 2010

« Homme|Animal » ! Avec un titre pareil, on imagine déjà le travail profond sur le noyau dur de l’humain que la compagnie Vendetta Mathea a dû effectuer pour ce spectacle. Entre l’humain qui se construit sans cesse et cette animalité qui parfois nous surprend, qui sommes-nous ? Quatre interprètes-chorégraphes s’emparent de ce dossier lourd pour donner des éléments de réponses entre danse et voix. » Rosita Boisseau – Télérama – mars 2011

« […] Ils semblent libérés de leurs corps, devenus des esprits qui tournent, sautent, bondissent, s’enlacent puis se séparent, se retrouvent. C’est superbe, il n’y a qu’à se laisser porter, envoûter, retrouver à travers eux une foule d’émotions, la joie, la peur, la peine, nos questions. La musique s’arrête. Une voix s’élève : « Love is the answer ». À la fin le silence. Bref cette fois. Dos au public. Et les lumières s’éteignent. Incontestablement, un des plus beaux spectacles du festival. » Nicole Bourbon – www.regarts.org – 2013

« […] Vendetta ne fonctionne que comme ça. La bienveillance incarnée. À contre-courant d’une époque où l’on préfère vociférer ses rancœurs. Une sérénité à toute épreuve, elle avance sans jamais regarder en arrière pour vivre intensément, au présent. Avec beaucoup de gratitude. On dit que le temps qui passe affadit les cœurs. À la Manufacture d’Aurillac, une danseuse aime la vie comme au premier jour. » Chemcha Rabhi – La Montagne – 2017

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